Lecture : Le chant des cavalières, de Jeanne Mariem Corrèze

Dans un royaume soumis aux Comtés-Unis, les Cavalières sont les dernières garantes des anciennes traditions, à la fois guerrières, caste religieuse, et gardiennes des reliques de Maude, la reine fondatrice de leur ordre. Sophie, une jeune novice que rien ne distingue, va se retrouver propulser dans le tourbillon de manigance qui la dépasse. Désignée comme écuyère de la nouvelle Matriarche, elle va être confrontée à un jeu de pouvoir dont elle ignore tout et se lancer dans une quête insensée…

Ce qui marque en premier lieu dans cette lecture, c’est cet univers matriarcale, dominé par les figures féminines. A part le Prince et le Condotiere, dirigeant politique et militaire du royaume, on ne croise quasiment aucun homme. Les Cavalières sont un ordre exclusivement féminin, dirigé par les Matriarches, qui régissent leurs citadelles respectives comme de véritables microcosmes, survolant le monde à dos de dragons. Car ce sont également des guerrières, dont l’honneur est entaché par leur défaite, 30 ans plus tôt, face aux Sabès, et qui ne demandent qu’à regagner leurs terres et leur fierté les armes à la main.

Sophie est une jeune novice, une enfant encore en formation, mais qui est en demande de reconnaissance de la part de ses aînées. A travers tout le roman, c’est cette soif de reconnaissance et l’image négative d’elle même qui va pousser Sophie sur des chemins toujours plus dangereux, de son fait ou poussées par les êtres et les évènements qui l’environnent, et à mesure que l’on dénoue les fils entremêlés du passé, on comprend à quel point cette rage est légitime, cette volonté d’être reconnu pour elle-même.

L’écriture est riche, très agréable à lire et nous entraîne immédiatement au coeur de ce royaume, dont les cavalières sont les gardiennes. De nombreux éléments distille une belle originalité, comme les dragons qui sont décrits portant bec et plume, la cosmogonie et les croyances construites autour des arbres… On est happé d’un chapitre à l’autre, et l’intrigue sans temps mort se construit progressivement, au rythme des révélations, et des rêves que fait Sophie.

Un excellent roman, qui porte haut les couleurs de la fantasy française.