
Dans les années 20, aux Etats-Unis, un groupe de jeunes femmes travaillent pour une éminente compagnie : leur rôle, peindre minutieusement des cadrans de montres destinées à l’armée, à l’aide de la peinture Undark, une encre luminescente très chère. Par jeu, ces « ghost girls » comme elles se nomment elles-mêmes, utilisent cette même peinture pour leurs ongles, leurs lèvres…
Cette peinture au radium imprègne leurs vies et leurs corps, et lorsque la maladie s’attaquent à plusieurs d’entre elles, la nocivité du produit va être mise en cause, malgré le déni de l’entreprise qui les emploie.
L’histoire de ces jeunes femmes, empoisonnées à leur insu par le radium contenu dans la peinture qu’elles utilisaient quotidiennement, est une réalité, et un des premier combats pour le droit des employés aux états-unis. Derrière le drame, l’autrice Cy a choisi de présenter son récit à travers le lien fort qui lie ses protagonistes : leur amitié, le soutien qu’elles vont s’apporter dans l’adversité. Les illustrations, entièrement aux crayons de couleurs, sont saturées par la bichromie assumée qui met en contraste le mauve chaleureux, et ce vert radium, lumineux et pourtant mortel… jusque dans la couverture, qui exposée à la lumière puis plongée dans le noir prend un tout autre jour.
Une très belle BD, au graphisme expressif marqué par l’esthétique art nouveau, qui parvient à témoigner de ce passage de notre histoire sans tomber dans le pathos, simplement en mettant à l’honneur ces femmes et leur combat.